Une autre lecture : affaires politiques et financières déguisées
Dans l’imagination populaire le moyen âge se présente comme une époque où partout s’allument des bûchers de sorcières, terribles créatures se rendant au sabbat sur un balai afin d’y honorer Satan souvent « déguisé » en bouc lubrique.
Oublions cette horrible image d’Epinal. La période par excellence des procès de sorcellerie et de persécutions de prétendus sorciers s’étend de l’extrême fin du moyen âge à la fin du XVIIIe siècle avec des pics de véritable hystérie à la Renaissance et au cours de tout le XVIIe siècle.
Très souvent les peurs collectives irraisonnées des maléfices s’expliquent par des temps de guerres incessantes, de dérèglements climatiques récurrents entrainant des récoltes catastrophiques. Juifs, lépreux, sorciers deviennent les boucs émissaires désignés par les autorités religieuses mais également civiles pour justifier ces malheurs.
Mais il faut encore tordre le cou à une autre idée reçue : les procès de sorcellerie ne sont pas le seul fait des religieux catholiques, protestants ou anglicans ( la religion orthodoxe les ignore) mais bien souvent de la collusion entre église et pouvoir dans le seul but de s’approprier les biens des condamnés ( comme les Juifs et les Templiers par exemple) , de s’arroger le pouvoir en écartant un concurrent trop brillant, d’imposer une pensée unique en élimant les contestataires. L’accusation de sorcellerie est souvent le recours ultime des puissants pour évincer et anéantir une personne sur laquelle ne repose pas d’autres charges suffisant à la faire condamner.
Marquées par une grande cruauté dans les interrogatoires (la question) une perversité obscène dans certains exorcismes devenant souvent des spectacles publics entre autres dans des couvents féminins au XVIIe siècle, la plupart des accusations et de poursuites des sorciers se résument en fait à des « affaires » comme les désigneraient les médias de nos jours.